En Wallonie, la transition environnementale repose sur une conviction simple : mieux gérer nos ressources, c’est d’abord en consommer moins. La sobriété n’est pas un mot austère : c’est un choix lucide, collectif et concret, face à la raréfaction des matières premières, à la pollution diffuse et à la fragilisation de nos écosystèmes. Notre responsabilité consiste à concevoir des politiques qui accompagnent ce mouvement – depuis la prévention des déchets jusqu’à leur valorisation, en passant par des usages plus raisonnés de nos sols, de notre air et de notre eau.
Prenons l’exemple du textile, emblématique de notre surconsommation. Derrière un t-shirt à bas prix se cachent des milliers de litres d’eau, des colorants, du transport et des tonnes de fibres synthétiques qui, tôt ou tard, polluent nos cours d’eau. Aujourd’hui, la filière traverse une crise profonde : depuis l’obligation de collecte sélective au 1er janvier 2025, les rares débouchés ont été saturés et les opérateurs mis en difficulté. C’est pourquoi le Gouvernement wallon a pris des mesure s pour renforcer les capacités de stockage préalable au tri, instaurer les compensations par tonne triée ou encore exonérer la taxe d’incinération pour tous les acteurs enregistrés et actifs dans la filière du réemploi du textile usagé. Ces décisions d’urgence s’inscrivent dans une perspective durable : préparer la mise en œuvre d’une Responsabilité Élargie du Producteur (REP) textile.
Cette responsabilisation progressive a déjà conquis plusieurs secteurs et il est permis d’y voir aussi des opportunités. Dans le domaine du recyclage plastique, la Wallonie a investi dans des filières performantes et locales, capables de recycler des dizaines de milliers de tonnes de PET par an et de produire un matériau de qualité alimentaire. Ces investissements permettent à la Belgique d’atteindre un taux de recyclage de plus de 75 % des emballages plastiques collectés, tout en réduisant notre dépendance aux marchés étrangers.
« Responsabiliser sans stigmatiser, réguler sans freiner : telle est la ligne que je défends. »
Mais recycler, c’est aussi savoir trier correctement. Trop souvent, des piles, bonbonnes ou textiles se retrouvent dans le mauvais flux, avec des conséquences lourdes : incendies dans les centres de tri, blessures, pertes de matières. Ces incidents nous rappellent que la prévention commence au geste du tri. Les campagnes d’information et les projets de sécurisation des Recyparcs battent leur plein, mais les défis restent énormes et croissants. La Région poursuit cette politique locale au niveau européen et soutient la mise en œuvre du règlement européen sur les batteries, pour renforcer la traçabilité et la sécurité de ces produits.
Au-delà du déchet, notre responsabilité s’étend à nos ressources vitales. Le Schéma régional des ressources en eau 3.0, en cours de déploiement, incarne cette vision intégrée : interconnexion des réseaux pour sécuriser l’approvisionnement, amélioration de la qualité des masses d’eau, et accompagnement des grands consommateurs vers des usages plus sobres. Cette transition suppose en effet une participation équitable de chacun. Le système du coût-vérité, qu’il s’agisse de l’eau à usage industriel ou des déchets, doit permettre à chaque citoyen, chaque entreprise, de contribuer à hauteur de ses usages. Ce principe, fondé sur le pollueur-payeur, n’est pas punitif : il est gage de justice et d’efficacité.
Responsabiliser sans stigmatiser, réguler sans freiner : telle est la ligne que je défends. La Wallonie a toujours su conjuguer ambition environnementale et innovation sociale. En soutenant les filières vertueuses, en modernisant la fiscalité environnementale et en ancrant la sobriété dans nos usages quotidiens, nous construisons une économie des ressources, à la fois circulaire, solidaire et fière de son ancrage local.
Yves Coppieters,
Ministre wallon de l’Environnement