En juillet, Recycling International a publié son top 100 annuel, une liste compilant les principaux noms de l’industrie du recyclage dans le monde. Elle comprend un certain nombre de Belges, sept pour être précis. Cela signifie que nous obtenons le même score que les Pays-Bas. Dans cet article, nous souhaitons vous présenter les grandes dames du monde du recyclage belge.
Caroline Craenhals représente la quatrième génération à la tête de l’entreprise familiale Belgian Scrap Terminal (BST) depuis 2019. L’entreprise, qui compte sept sites en Belgique et en France, traite chaque année environ un million et demi de tonnes de déchets ferreux et non ferreux. « J’espère que c’est ma passion pour le métier qui m’a amenée si haut dans cette liste », commence-t-elle. « Mais bien sûr, je ne le fais pas seule ! J’ai la chance d’être entourée d’une équipe de spécialistes passionnés. Cette reconnaissance leur revient également. » Selon elle, le fait que la Belgique, en tant que petit pays, obtienne de si bons résultats s’explique par plusieurs raisons. « Notre situation centrale nous aide évidemment. Mais nous n’avons pas non plus d’industrie lourde, donc nous avons toujours vu la valeur des déchets. Dans les années à venir, nous devons continuer à nourrir cette ambition de faire plus et mieux, mais en gardant un œil sur la pratique quotidienne. En effet, les matières premières sont des produits de base sur un marché mondial. Il serait dommage, après tout ce que nous avons déjà construit, de nous faire concurrence sur le marché par des réglementations trop strictes. L’économie et l’écologie peuvent parfaitement aller de pair. » Pourtant, elle continue surtout à croire fermement à toute la beauté que ce secteur a à offrir. « Ma force motrice ? Que nous transformions chaque fin en un nouveau départ. BST a célébré son 100e anniversaire en septembre. Le recyclage n’a donc rien de nouveau, même si la tendance n’est qu’actuelle. Cela a toujours été une façon de rendre à la nature et à la société. Le « non » n’est jamais une réponse définitive dans le monde du recyclage. Nous continuons à chercher des alternatives. C’est cette complexité, ce caractère innovant et cette diversité qui rendent mon travail si fascinant. »
En tant que directrice générale de Febelauto, Catherine Lenaerts a joué un rôle important dans la collecte, le traitement et le recyclage des véhicules hors d’usage. « Lorsque j’ai commencé en 2001, il n’y avait pratiquement aucun centre reconnu pour les véhicules hors d’usage et pratiquement aucune voiture. Il existait déjà un traitement de la ferraille, mais il s’agissait de réunir les deux. Aujourd’hui, nous pouvons donner une seconde vie à pas moins de 97,3% d’un véhicule hors d’usage par le biais de canaux reconnus. Un travail qui exige une attention et une sensibilisation constantes, car des opérateurs mobiles illégaux ne cessent de surgir. C’est une question qui doit être résolue au niveau européen. » Même après plus de 20 ans, la motivation de Catherine Lenaerts reste intacte. « Parce que nous sommes toujours confrontés à de nouveaux défis », résume-t-elle. « Depuis 2016, l’histoire des batteries s’est ajoutée. Il n’y avait pas de solutions pour cela à l’époque. Avec la spin-off Watt4Ever, nous pouvons désormais convertir les batteries des véhicules électriques en systèmes de stockage d’énergie. Un travail de pionnier dont je suis particulièrement fière. » Il en va de même pour les partenariats qui ont vu le jour tout au long de la chaîne. « Le recyclage est une question complexe où se mêlent différents intérêts et influences. Vous ne pouvez pas le faire seul. C’est pourquoi j’ai toujours essayé d’être un facteur de liaison à partir de Febelauto, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du pays. Je nous vois comme une famille, avec beaucoup de connaissances à partager et des lignes directes pour mettre en marche les prochaines innovations. Parce qu’en termes de technologie et de développement, nous sommes un exemple pour le monde. Cela mérite aussi d’être dit. »
Se retrouver en bas de cette liste n’est pas une honte. Au contraire. Ingénieur chimiste de formation, spécialisée dans les polymères, Mathilde Taveau, de Plastics Recyclers Europe, l’organisation qui est le porte-parole de l’industrie européenne du recyclage des plastiques, est tout à fait convaincante. « Les plastiques sont pointés du doigt de manière très sévère, mais ils font tout autant partie de la solution. Tant que nous continuerons à faire de mieux en mieux, en termes de collecte, de recyclabilité et finalement de valorisation. J’ai toujours essayé d’apporter ma pierre à l’édifice.
D’abord sur le terrain, dans la R&D et le contrôle de la qualité, et maintenant davantage dans le cadre réglementaire où je recherche comment les plastiques recyclés peuvent être réutilisés en toute sécurité lorsqu’ils sont en contact direct avec les aliments. » D’où vient cette passion ? « Le plastique est un matériau formidable, mais nous devons réfléchir à la manière dont nous l’utilisons et le recyclons. La recherche n’en est qu’à ses débuts. Il existe donc un potentiel extraordinaire pour développer de nouvelles choses et améliorer encore la qualité. Si nous y parvenons, les plastiques apporteront une contribution précieuse à l’économie circulaire. » La mission est donc claire pour Taveau : continuer à améliorer la qualité et la sécurité du recyclat pour plus de circularité. « En outre, je veux aider à traduire les réglementations existantes et futures pour les entreprises de recyclage. Celles-ci sont souvent formulées de manière très complexe, alors que c’est précisément dans la pratique quotidienne que les choses doivent se passer. C’est là que se fait la différence. Je veux aussi contribuer à l’éducation des nouvelles générations. En effet, le recyclage commence par la façon dont nous trions à la maison. J’espère que mon parcours pourra également inspirer d’autres personnes et montrer comment notre industrie embrasse l’innovation. »