Le secteur du recyclage est encore trop perçu comme un monde d’hommes. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. De plus en plus de femmes trouvent un emploi et une place dans le secteur de la collecte et du traitement des déchets. Et nous sommes heureux de vous les présenter en détail. Dans chaque édition, nous laissons une femme du secteur parler de son travail et de ce qui le rend si formidable. C’est au tour de Nathalie Brunelle (Renewi Belgium) de prendre la parole.
Nathalie Brunelle sait de quoi elle parle, cela fait plus de trente ans qu’elle travaille dans l’univers du recyclage. « Renewi est née il y a cinq ans de la fusion de Van Gansewinkel et de Shanks plc. Moi, je viens de chez Shanks » nous dit-elle. Renewi est l’une des principales sociétés européennes de gestion des déchets opérant dans le Benelux. Nathalie Brunelle se souvient : « Dans les années nonante, la présence d’une femme dans la sidérurgie et le recyclage n’était pas toujours bien acceptée. Les commentaires que l’on ne manquait pas d’entendre insistaient sur l’obligation de faire un choix entre sa vie de famille et da carrière. C’est mieux accepté aujourd’hui, heureusement. »
Nathalie Brunelle a toujours travaillé dans l’opérationnel. Jusqu’il y a environ un an. Aujourd’hui, elle s’occupe du PMO (Project Management Office) en qualité de directrice. « S’il est juste de dire que la présence des femmes dans le monde du recyclage connaît une évolution positive, il faut reconnaître que les femmes sont encore trop peu nombreuses dans l’opérationnel. Il faut préciser que le travail opérationnel est moins compatible avec des horaires de bureau traditionnels : les ouvriers sur site commencent très tôt, donc on doit aussi être présent tôt sur le site si on veut leur parler, les horaires débordent souvent du schéma classique des huit heures par jour, des urgences peuvent se produire, … bref c’est plus compliqué, ce n’est pas insurmontable mais il faut pouvoir assurer. Il faut trouver le meilleur équilibre possible, sans concessions mais aussi sans obligations » explique-t-elle.
Avant, le métier avait une connotation plutôt négative. De nos jours, les métiers du recyclage sont mieux connus du grand public, les bienfaits pour la planète sont reconnus et appréciés de tous. La perception est plus positive et cela accroît l’attractivité du métier. D’autre part, le métier lui-même évolue. « Le monde du recyclage évolue rapidement, il faut se tenir au courant de ce qui se passe, les outils sont plus performants et plus rapides, il n’est pas toujours nécessaire de se rendre sur place si une réunion à distance peut être planifiée. Le recyclage est aussi plus technique, plus technologique, les activités de tri sont informatisées, la commande des machines se numérise. Même la conduite des gros engins tels qu’une grue nécessite moins de muscle et recourt à des joysticks plus faciles à manipuler. Tout concourt à rendre le métier plus accessible aux femmes. » concède Nathalie Brunelle.
Toutefois, force est de constater que si le recyclage représente en Belgique quelque 15 000 personnes, seuls 40% des employés sont des femmes ; elles représentent 5% parmi les ouvriers. « Si les différents métiers du recyclage sont plus accessibles, il n’en reste pas moins vrai qu’il reste difficile de recruter des femmes conductrices d’engin, chauffeurs, trieurs. Elles restent peu présentes dans les métiers de terrain et semblent davantage s’orienter vers les fonctions dans le domaine de la qualité, de la supervision, de la planification » confie Nathalie Brunelle.
Une piste de réflexion possible est d’encourager la diversité au sein de son entreprise par des actions concrètes. « Il ne faut pas se focaliser sur les femmes. Il faut privilégier la diversité. J’ai horreur des quotas qui visent à imposer une plus grande présence féminine dans une société au détriment de la recherche des meilleures compétences pour les postes à pourvoir. Il faut donner les mêmes chances à chacun, quel que soit son genre ou sa culture. Au sein de Renewi, nous avons mis en place un groupe de réflexion international pour aider à changer les mentalités, à mieux faire accepter les différences, à favoriser la diversité non pas globale dans tout le groupe mais au sein de chaque département. Nous organisons des campagnes ciblées, par exemple une campagne pour expliquer ce qu’est le Ramadan, faire partager ce que vivent les musulmans. Il est alors plus facile d’accepter les différences. » conclut Nathalie Brunelle.