Le verre est un matériau recyclable à l’infini. Parfait pour une société circulaire. Aujourd’hui, le recyclage du verre creux fonctionne déjà comme une horloge, mais le verre plat post-consommation est à la traîne. Pourtant, beaucoup de matériel supplémentaire devrait être justement disponible dans cette catégorie dans les années à venir, si l’on se fonde sur la vague de rénovation que l’Union européenne veut déclencher. Un entretien avec Emilie Butaye d’inDUfed sur les défis à relever.
L’industrie du verre peut se targuer d’être un précurseur en matière de circularité. Depuis des années, le secteur est à la recherche de calcin de bonne qualité destiné à servir de matière première recyclée dans la production de verre neuf. La demande dépasse même l’offre. « Le tri à la source est crucial pour obtenir la qualité souhaitée. Pour le verre creux, cela se passe très bien avec les innombrables bulles à verre qui ornent les rues et dans lesquelles les consommateurs peuvent déposer leurs bouteilles en verre. Cependant, ce verre peut difficilement être utilisé pour la production de verre plat. La collecte y est beaucoup plus difficile. Non pas pour les déchets de verre provenant de l’industrie. Ces déchets se retrouvent facilement chez les recycleurs de verre et finalement chez les fabricants de verre. Mais bel et bien pour le verre plat post-consommation. Dans le secteur de la construction en particulier, il existe encore un énorme potentiel pour tout le verre qui est libéré lors des travaux de démolition et de rénovation. »
En effet, un morceau de verre arrive rarement seul. En général, il reste accroché au châssis de la fenêtre et, ensemble, ils disparaissent dans le conteneur à déchets du chantier. À partir de ce moment-là, il est effectivement perdu pour le recyclage. Butaye : « La qualité est primordiale dans l’application du calcin de verre recyclé. En effet, le processus de production du verre ne digère pas facilement les contaminants tels que les CPP (céramique, pierre, porcelaine), qui sont très difficiles à trier. Même de petits grains peuvent provoquer des blocages, et la moindre contamination peut également entraîner une augmentation des émissions de CO2 lors de la fusion du verre. Nous voulons absolument éviter les deux pistes. » Une collecte sélective du verre sur le chantier, alors ? « Le goulot d’étranglement aujourd’hui est absolument la collecte. Il n’existe pas encore de système permettant de rendre ce coût logistique digeste pour toutes les parties. Mais même dans ce cas, la collecte de verre plat posera des défis. En effet, retirer le verre du châssis de la fenêtre ne doit pas compromettre la sécurité des employés. Nous devrons donc nous réunir avec toutes les parties prenantes pour trouver des solutions viables », ajoute Butaye.
En effet, on attend beaucoup de verre plat post-consommation dans les années à venir. « L’Europe caresse de grands projets pour rendre son patrimoine plus économe en énergie. La rénovation est une priorité. Sur la base du taux de rénovation actuel, cela représenterait déjà un excédent annuel de 60 000 tonnes, mais la vague de rénovation attendue fera encore grimper considérablement ce chiffre. Du matériel que nous ne devons pas laisser se perdre. Les Pays-Bas sont l’un des pays à l’étude pour trouver des solutions. Le pays a mis en place il y a une vingtaine d’années un système qui permet de récolter 80 000 à 90 000 tonnes par an, avec un fonctionnement comparable à ce que fait Fost Plus pour les déchets d’emballages en Belgique. Toutefois, cela aurait un impact majeur sur le marché, que nous souhaitons perturber le moins possible. Le point central d’une bonne solution devrait vraiment être le chantier de construction. Comment pouvons-nous motiver l’entrepreneur à garder le verre plat séparé ? Pour quels volumes est-ce rentable ? Pouvons-nous créer des points de collecte dans un rayon de 20 km maximum ? Et qui en supporte les coûts ? De nombreuses questions demandent encore réflexion, mais l’industrie du verre est déterminée à relever le défi », conclut Butaye.
Le recyclage du verre donne un coup de pouce à l’environnement. L’ajout de 10 % de calcin de verre comme matière première recyclée au verre neuf réduit de 2 à 3 % l’énergie nécessaire à la fusion des matières premières. Mais les avantages pour l’environnement sont encore plus nombreux, car une tonne de calcin …
… équivaut à 850 kg de sable ;
… permet une température de four plus basse ;
… réduit la consommation d’énergie ;
… entraîne une réduction des émissions de CO2 comprise entre 300 et 700 kg ;
… réduit l’émission de polluants