Souhait d’intégrer le secteur du recyclage à la responsabilité élargie du producteur
L’électrification de l’industrie automobile et sa progression vers une plus grande durabilité ne seront pas sans conséquence sur la filière du recyclage. Dans sa proposition d’adaptation de la réglementation relative aux véhicules hors d’usage, la Commission européenne demande aussi explicitement une modification de l’approche jusqu’ici adoptée par notre secteur. Olivier François, président d’EuRIC et Market Development Officer chez Galloo, explique comment ces développements sont perçus.
M. François tient tout d’abord à souligner qu’une collaboration fructueuse était préexistante entre les instances législatives et l’industrie. « Un travail colossal a été réalisé par les deux parties pour identifier les évolutions nécessaires afin de mieux fermer la boucle de recyclage des véhicules. »
Lors de la révision des textes finaux, un certain nombre de points d’attention sont restés en suspens pour M. François. « L’obligation de contenu recyclé pour le plastique est très importante à long terme. Cela fait trente ans que notre industrie s’emploie à recycler le plastique des véhicules. Le savoir-faire en la matière est considérable. En fait, c’est la demande qui se fait attendre. Il existait certes déjà des précurseurs, comme Renault, qui utilisent depuis des années du polypropylène recyclé dans ses véhicules neufs. Mais jusqu’ici, nous dépendions trop du prix du pétrole. Les problèmes de qualité, nous les avons résolus depuis des années. » Cependant, l’obligation supplémentaire de l’Europe de fermer la boucle du recyclage pour un quart de ces 25 % de contenu recyclé s’annonce comme un défi. « Cela représente environ 6 kg de plastiques dans les véhicules neufs qui devront provenir de plastiques d’abord récupérés sur des épaves puis recyclés. Notre industrie est capable de relever ce défi, à condition de poursuivre le déploiement de notre savoir-faire
dans ce domaine. »
À ce jour, aucun objectif concret n’a été fixé pour l’acier, l’aluminium, le magnésium et les terres rares. Il est toutefois demandé aux constructeurs automobiles d’indiquer les quantités de ces matériaux présentes dans le véhicule. « Cette évolution devrait permettre de stimuler le recyclage de l’acier et l’utilisation d’acier recyclé dans les véhicules. Sachant qu’un véhicule est composé à 75 % d’acier, agir sur ce matériau semble être un excellent point de départ pour avancer vers la décarbonisation. Les Américains ont d’ores et déjà prouvé que c’était possible. Aux États-Unis, la production d’acier repose déjà sur quelque 70 % de métaux recyclés. En Europe, nous restons pour le moment bloqués à 50 %. Nos aciéries ont donc aussi un rôle à jouer. »
Lors de la conférence d’EuRIC, le sujet le plus controversé était sans conteste les obligations supplémentaires en matière de démantèlement. « Actuellement, 88 % des coûts de traitement des véhicules hors d’usage sont supportés par le secteur du recyclage. Notre industrie est parvenue à atteindre dans les délais les objectifs fixés, à savoir recycler 85 % et valoriser 95 % du véhicule. Ces résultats, nous les devons notamment à nos investissements dans le démantèlement et dans la technologie du post-broyage. C’est une réussite dont nous pouvons être fiers. Aujourd’hui, nous sommes préoccupés de voir le contrôle de l’organisation et de la mise en œuvre du traitement des véhicules hors d’usage confié davantage aux constructeurs. Précisément parce que cela revient à assumer la responsabilité élargie du producteur à l’échelle individuelle et non pas collective. En Belgique, nous prouvons pourtant que la voie collective est viable avec l’organisme Febelauto, au sein duquel l’industrie du recyclage est également représentée. Une approche collective serait bénéfique aux investissements futurs en augmentant le degré de confiance. »
Le dernier point que M. François souhaite aborder concerne les contrôles destinés à vérifier que les véhicules sont bel et bien hors d’usage afin de lutter contre les exportations illégales. « Nous sommes ravis que la Commission ait ajouté cela au règlement. Toutefois, si 5 millions de voitures disparaissent des radars, c’est surtout parce que les administrations ne font pas bien leur travail. À l’heure actuelle, toutes les règles sont pourtant déjà en place pour éviter cette fraude. Des inspections ont bel et bien lieu. Mais en réalité, elles sont systématiquement organisées dans des implantations légales, qui mettent au minimum tout en œuvre pour que les transactions se déroulent dans le respect des règles. La nouvelle réglementation incitera-t-elle les administrations à identifier les organisations clandestines ? Car c’est précisément là que s’arrête souvent la traçabilité. »