Il faut davantage de perspectives
La nouvelle réglementation sur les véhicules en fin de vie ne mentionne pas les pneus. Pour Poul Steen Rasmussen, président d’EuRIC MTR (mechanical tyre recycling) et PDG de Genan, il s’agit d’une occasion manquée. Il rappelle que 5 à 7 millions de pneus sont incinérés ou mis en décharge chaque jour dans le monde. Le potentiel de recyclage est donc considérable, à condition que la demande soit également stimulée.
La moitié du recyclage des pneus se fait actuellement en Europe. Ces dernières années, le caoutchouc déchiqueté a surtout été utilisé comme couche de support sous les terrains synthétiques. Ces applications sont controversées car des substances nocives et des microplastiques peuvent être libérés. « Ces applications représentent environ un tiers du marché pour notre secteur d’activité. Une interdiction qui pèse donc sur l’ensemble de l’industrie du recyclage des pneus. Bien sûr, nous voulons aussi que la sécurité prévale. Mais ces interrogations ne sont pas formulées pour ce qui est de la production de pneus et des microplastiques libérés lors de la conduite. »
Selon Poul Steen Rasmussen, la réglementation relative aux véhicules en fin de vie va dans la bonne direction. « J’aurais seulement aimé qu’elle intègre le caoutchouc dur. Ou ont-ils oublié qu’une voiture, qu’elle soit équipée d’un moteur électrique ou à combustion, a toujours besoin de quatre pneus pour rouler ? » confie-t-il avec humour. Selon lui, il est tout à fait possible d’utiliser le caoutchouc recyclé mécaniquement et les textiles des pneus en fin de vie pour fabriquer de nouveaux produits destinés à l’industrie automobile.
« Au moins une mention dans la nouvelle réglementation aurait donné une perspective pour commencer à faire quelque chose avec le pneu. Nous ne pouvons pas continuer à nous asseoir sur cette montagne de déchets. » Poul Steen Rasmussen pense surtout à l’écoconception pour éviter les problèmes de recyclage par la suite. « Mais le plus important sera de créer des conditions équitables pour les matériaux vierges et les produits recyclés. Sinon, comment pouvons-nous encore investir dans notre industrie et trouver des moyens d’augmenter le taux de valorisation ? »