Sauvez le recyclage du plastique belge ou l’économie circulaire s’effondrera

Le secteur du recyclage des plastiques est dans une situation désespérée. En raison des prix historiquement bas du plastique vierge, la demande de matériaux plastiques recyclés s’est effondrée. Résultat, les entreprises de recyclage voient leurs marges disparaître, les investissements stoppent et plusieurs usines de recyclage risquent de devoir fermer leurs portes. « Sans mesures rapides, nous perdrons des emplois et l’avenir circulaire de notre pays », prévient Aarnout Ecker, directeur général de Denuo.

Les entreprises de recyclage sous pression

La concurrence avec les plastiques vierges bon marché, qu’ils proviennent de notre pays ou de l’étranger, met dos au mur les entreprises qui recyclent le plastique. Elles sont confrontées à des coûts élevés en matière d’énergie et de main-d’œuvre, tandis que les producteurs de plastique vierge peuvent compter sur des mesures de soutien favorables. À cela s’ajoute l’importation de plastique recyclé bon marché (parfois intraçable) en provenance de pays tiers. « Nous sommes menacés d’une tempête parfaite : en raison de la situation difficile du marché, nos entreprises réduisent aujourd’hui leur capacité, ce qui signifie que nous courons le risque de ne pas disposer demain d’une capacité de recyclage suffisante pour atteindre les objectifs européens », déclare Aarnout Ecker.

Cinq mesures politiques prioritaires

Denuo demande à tous les niveaux politiques d’intervenir dès maintenant. Le secteur propose cinq mesures :

1. L’utilisation obligatoire et accélérée de plastique recyclé dans les produits afin de renforcer l’économie circulaire en Belgique, de respecter les quotas de recyclage du règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR) et de réduire considérablement les émissions de CO2 provenant du plastique.
2. Des conditions de concurrence équitables en permettant aux entreprises de recyclage de bénéficier des mêmes avantages énergétiques et des mêmes mesures de soutien que les producteurs de plastique vierge.
3. Des mesures commerciales ciblées telles que des droits d’importation et une surveillance plus stricte de l’importation de plastique vierge et recyclé pour lutter contre le dumping et le greenwashing.
4. Des incitations au développement des marchés, notamment par le biais de marchés publics écologiques et de contrats à long terme qui garantissent la commercialisation du plastique recyclé.
5. Une reconnaissance du recyclage comme secteur stratégique avec l’octroi de permis plus rapide, un soutien à l’innovation et l’accès aux fonds de soutien européens et belges.

« Nous ne demandons pas un traitement de faveur mais que les règles du jeu soient équitables », souligne Aarnout Ecker. « Les entreprises de recyclage d’aujourd’hui produisent les matières premières de demain. Sans soutien structurel, la Belgique risque de passer à côté d’une occasion unique de devenir un pays incontournable dans l’économie circulaire. Le choix est donc simple : soit nous protégeons nos entreprises de recyclage et nos emplois, soit nous confions l’économie circulaire à des acteurs étrangers.

« Le plastique a des partisans et des opposants mais, en raison de ses nombreux avantages, ce matériau fera toujours partie de notre économie », poursuit Aarnout Ecker. « Celui qui veut s’y attaquer de manière durable ne peut pas se passer du recyclage. C’est encore complexe aujourd’hui – logique pour un secteur en plein développement –, mais il y a d’évidents progrès. Les innovations pour le recyclage et le design-for-recycling offrent une perspective. Nous avons un plan pour y parvenir mais un soutien politique supplémentaire sera nécessaire !

Le plan d’action complet avec ses propositions concrètes est disponible sur denuo.be/positions.