Avec son plan stratégique pour l’industrie européenne de l’acier et des métaux, la Commission européenne entend à la fois renforcer et verdir le secteur. La circularité reçoit enfin l’attention qu’elle mérite, mais le plan d’action soulève en même temps des questions quant à l’efficacité de certaines mesures proposées.
Dans son plan, la Commission met en avant l’utilisation de métaux recyclés comme levier pour une production d’acier plus durable. Elle examine la possibilité de fixer des objectifs contraignants pour l’utilisation d’acier et d’aluminium recyclés dans les véhicules et les produits de construction. Des propositions sont également sur la table pour intégrer l’utilisation de métaux recyclés dans le règlement sur l’écoconception (ESPR). Le secteur du recyclage est ainsi reconnu comme un maillon essentiel d’une industrie sidérurgique tournée vers l’avenir. Une avancée importante.
Le plan contient toutefois des éléments préoccupants. La Commission envisage en effet des mesures commerciales ou des taxes à l’exportation afin de garantir la disponibilité de la ferraille en Europe. Selon Denuo et EuRIC, ces restrictions seraient contre-productives : elles décourageraient les investissements dans le recyclage sans réellement faire progresser la production sidérurgique européenne.
Par ailleurs, les exportations de métaux recyclés ne doivent pas seulement être analysées en termes de quantité, mais aussi de qualité. À l’heure actuelle, toutes les qualités de ferraille ne trouvent pas preneur sur le marché européen. C’est pourquoi environ 20 % de la ferraille européenne sont exportés, principalement vers des pays comme la Turquie ou l’Égypte, où ils sont transformés en matériaux de construction utiles.
Des restrictions à l’exportation pourraient également dissuader les entreprises de recyclage de récupérer les fractions plus complexes. La Commission européenne part du principe que des investissements dans de meilleures technologies de recyclage amélioreront la qualité de la ferraille. Mais sans une demande suffisante sur le marché intérieur, ces investissements restent économiquement incertains.
La solution ne réside donc pas dans la fermeture des frontières, mais dans le développement des débouchés locaux. Grâce à des règles claires en matière d’écoconception, à des conditions de concurrence équitables sur le marché international et à un soutien aux procédés de recyclage énergivores, l’Europe pourra véritablement progresser vers une industrie des métaux circulaire.
Denuo appelle les eurodéputés belges à adopter une attitude constructive dans le cadre du processus législatif : oui au soutien du recyclage, mais à travers des mesures réfléchies qui renforcent le marché plutôt que de le perturber.