Avec l’électrification de nos sociétés, l’utilisation de batteries au lithium-ion croît de manière exponentielle. Vélo ou trottinette électrique, carte de vœux musicale, brosse à dents électrique, visseuse électrique,… Tant de produits du quotidien qui possèdent une batterie intégrée. Intégrée mais difficile à séparer de l’appareil une fois le produit arrivé en fin de vie. Avec pour conséquence que ces batteries au lithium-ion finissent dans les mauvais flux de déchets et provoquent des incendies.
Le nombre d’incendies qui se déclenchent dans les conteneurs à déchets, les camions de collecte et les entreprises de recyclage augmente drastiquement. La principale cause ? Des produits mal triés à la source contenant une batterie lithium-ion. Pas un jour ne se passe sans qu’une batterie au lithium-ion ne provoque un départ de feu dans une entreprise de traitement des déchets, dans un camion à ordures ou dans un conteneur. Le secteur du recyclage et du traitement des déchets qualifie cette situation de catastrophique ! La gravité de la situation est également confirmée par une étude européenne de 2018, qui indique que le nombre d’incendies dus aux batteries lithium-ion dans le secteur du recyclage a triplé en dix ans. De plus, cette problématique touche tous les flux de déchets : papier et carton, déchets résiduels, ferraille et plastiques.
Les incendies causés par des batteries lithium-ion mal triées peuvent avoir de graves conséquences. Malgré d’importants investissements dans les systèmes de détection des batteries et de protection, ces incendies se propagent rapidement et sont difficiles à éteindre. Ces incendies entraînent des conséquences très graves, allant de blessures graves (voire mortelles) pour le personnel à la destruction partielle ou complète des usines de recyclage, en passant par la perte de matières premières recyclables précieuses. Comme si cela ne suffisait pas, de plus en plus de sites de recyclage se voient refuser toute assurance. Enfin, les dommages humains mais également financiers peuvent être importants, allant jusqu’à des millions d’euros de réparation.
C’est pourquoi le secteur du recyclage et de la gestion des déchets tire la sonnette d’alarme et exige des mesures urgentes de la part des responsables politiques et des producteurs ou metteurs sur le marché. Depuis quelques années, Denuo a longuement travaillé sur la sensibilisation à la problématique grâce à une campagne vidéo de sensibilisation et le développement de stickers à apposer sur les conteneurs de déchets ou camions de collecte. Ensemble avec le secteur, Denuo s’est concerté avec les organismes de gestion représentant les producteurs de piles et batteries ainsi que les appareils électriques et électroniques, Bebat et Recupel.
Actuellement, Denuo continue la concertation avec d’autres acteurs concernés comme les intercommunales (VVSG et Copidec), les services de pompiers, les compagnies d’assurance ainsi qu’avec les administrations régionales. L’objectif est de partager les connaissances de chaque partie prenante pour développer un guide sur les meilleures pratiques en matière de prévention et de sécurité.
Mais cela ne suffit pas ! Denuo, ensemble avec ses membres, appelle à une intense mobilisation et des actions concrètes de la part des producteurs et metteurs sur le marché. Concrètement, le secteur exige des mesures à court et moyen terme :
La constitution d’un fonds sectoriel par les organismes de gestion. La constitution d’un fonds de calamité par les organismes de gestion permet de réellement activer la responsabilité des producteurs. Il incombe aux fabricants ou metteurs sur le marché de verser une contribution supplémentaire au fonds pour chaque batterie lithium-ion qu’ils mettent sur le marché. Ce fonds permettrait de soutenir financièrement la recherche et le développement de solutions mais également de soutenir les entreprises victimes d’un incendie lorsque les assurances ne permettent pas de couvrir tous les coûts liés.
Le soutien des régions dans la concertation et l’instauration d’obligations pour lutter contre cette problématique. Grâce à la concertation (inter)régionale, des actions de sensibilisation et d’obligation envers les organismes de gestion peuvent être prises. De plus, les régions peuvent servir d’intermédiaire pour le développement de statistiques spécifiques aux incendies causés par une batteries au lithium-ion. Ces statistiques serviront d’outil d’aide à la décision et de suivi de la situation pour les responsables politiques.