Le recyclage des plastiques et des textiles traverse une grave crise. Les entreprises de recyclage sont de plus en plus confrontées à la concurrence de nouveaux matériaux bon marché et de matières recyclées en provenance d’Asie. Ces facteurs externes les contraignent à ralentir leurs investissements et rendent difficile l’atteinte des objectifs européens prévus pour 2030. Les problèmes se manifestent tant dans le secteur du plastique que dans celui du textile et leurs effets se font de plus en plus ressentir.
La Belgique affiche un taux de recyclage de 39 % pour les déchets plastiques, ce qui en fait l’un des leaders en Europe. Cependant, les entreprises de recyclage rencontrent de plus en plus de difficultés à vendre leurs matériaux recyclés à des prix compétitifs. Le marché est inondé de plastiques vierges et recyclés bon marché en provenance d’Asie où les coûts de main-d’œuvre et d’énergie sont inférieurs. Les entreprises qui mettent des produits plastiques sur le marché choisissent la matière première la moins chère, reléguant ainsi la durabilité au second plan. Cette situation met sous pression les marges des entreprises de recyclage européennes, et belges en particulier. Par conséquent, de nombreux investissements prévus pour atteindre les objectifs de recyclage de l’UE risquent d’être reportés. L’introduction d’une obligation d’utilisation de matériaux recyclés (recycled content) dans les emballages plastiques à partir de 2030 pourrait apporter un certain soulagement, mais le secteur a un besoin urgent de mesures à court terme pour alléger la pression concurrentielle venant de l’Extrême-Orient.
Le secteur textile est également sous une énorme pression, en particulier avec l’essor de l’ultra-fast fashion. Les vêtements bon marché des boutiques en ligne chinoises, telles que Shein et Temu, inondent à la fois les marchés européens et africains, avec des répercussions notables sur les entreprises de récupération textile.
D’une part, ces entreprises peinent à vendre leurs vêtements d’occasion et ce, à des prix de plus en plus bas. En conséquence, les collecteurs et trieurs de textiles voient leurs stocks augmenter tout en ayant du mal à trouver des débouchés.
D’autre part, la qualité de ces vêtements ultra-fast fashion est souvent médiocre, ce qui fait que de plus en plus de textiles collectés ne sont plus adaptés à la vente comme vêtements d’occasion. Cela oblige les entreprises à se tourner plus rapidement vers d’autres usages, comme la transformation en chiffons de nettoyage, par exemple.
Pour garantir des solutions durables et un recyclage de haute qualité, l’option d’une responsabilité élargie des producteurs est envisagée. Dans ce cas, les entreprises qui mettent des textiles sur le marché seraient également responsables de leur traitement en fin de vie. Cela pourrait constituer une étape vers des solutions durables face aux défis auxquels le secteur est confronté.
Quoi qu’il en soit, sans solutions rapides et efficaces, le secteur du recyclage risque de perdre sa position de leader en Europe. Les années à venir seront cruciales pour l’avenir de l’économie circulaire et le rôle de la législation européenne ainsi que le soutien seront d’une importance vitale.